Les militants de base du MPS, remontés contre le raïs Déby
 Depuis la composition la publication il ya quelques jours du Conseil Politique national, une grogne latente couve au sein du parti à l’oriflamme guerrière, le MPS, au pouvoir. La raison ? Idriss Déby Itno, le président fondateur n‘a pas pris en compte les revendications de ses militants, exprimées lors du congrès extraordinaire du Mouvement Patriotique du Salut le mois dernier.

Par Taokamla Ahmat Baharadine à N’Djaména

Les militants du MPS, sont ressortis frustrés, la mort dans l’âme. Beaucoup n’en ont pas encore fini de digérer les couleuvres qu’ils ont avalés, car ils n’ont guère apprécié la manière cavalière avec laquelle, le président-fondateur a composé le Conseil Politique National (CPN), l’équivalent du bureau exécutif dans d’autres formations politiques. Une attitude méprisante qui pour beaucoup, donne du grain à moudre aux détracteurs et autres pourfendeurs du parti au pouvoir, qui jurent que le MPS, est un parti-Etat où le dernier mot revient toujours à son fondateur, le timonier national, Idriss Déby Itno. « Déby n’a pas créé le MPS dans un cabaret. Donc, il peut désigner qui il veut au CPN. Il décide seul et n’a pas vraiment besoin des avis de ses militants. Les préoccupations des militants de base, ce n’est pas son affaire. Pourtant, ce sont eux qui constituent l’ossature du parti», commente un leader de l’opposition démocratique. C’est une erreur que d’ignorer les avis des militants de la base. « Ce sont eux qui se sont battus et qui se battent pour faire triompher les idéaux du parti. Et c’est grâce à eux que Déby a été porté à la magistrature suprême », ajoute un militant du MPS, faisant visiblement partie des oubliés de la 1ere heure. En somme, en bon général d’armée, Déby prend des décisions, et les militants n’ont de choix que de les exécuter. Lors de la recomposition des instances dirigeantes du parti, la région du Mandoul a été royalement ignorée, nous rapporte un militant déçu du parti de Bamina. « Ils ne me servent plus à rien, depuis la trahison de Joseph Djimrangar Dadnadji », aurait déclaré Déby lors des travaux à huit-clos du Congrès extraordinaire de son parti. Car, en démissionnant du MPS, Dadnadji a dû emporter avec lui bon nombre des cadres de la région du Mandoul poursuit notre source. Les militants Mps du Mandoul ne sont pas les seuls à être mis sur le carreau. Ceux du Ouaddaï géographique sont également logés dans la même enseigne. Ayant subi les mêmes humiliations et frustrations, il n’est pas à exclure une série de cavalcade de ralliement de ceux-ci à l’Undr, l’Union nationale pour le Développement et le Renouveau de Saleh Kebzabo. Pourtant, lors du congrès, les militants MPS du Ouaddaï ont demandé la reconduction de leur camarade YAKHOUB SALEH OURADA au CPN. Mais le commandant de bord du MPS, Déby, comme à son habitude en a décidé autrement. Il a préféré désigner des personnalités au parcours sinueux et au passé sulfureux tels Ahmat Mahamat Bâchir et Ahmat Khazali Acyl « C’est le fait que beaucoup de cadres de la région du Ouaddaï garnissent régulièrement les rangs de l’Undr, que Déby a décidé de mettre une croix sur eux », estime Mahamat Saleh, habitué des grands salons huppés de N’Djaména. Comme si cela ne suffisait pas, Déby a désigné Alyo Abdoulaye Ibrahim, un ex-rebelle qui a rallié il ya tout juste un an le MPS avec armes et bagages. Ce qui a exacerbé les rancœurs et les frustrations des militants. Ce manque de considération de Déby à l’égard des militants du MPS du Ouaddaï risque d’avoir des conséquences incalculables lors des prochaines élections. Car, depuis quelques années, l’opposition commence par gagner du terrain dans cette partie du Tchad, le Ouaddaï géographique. Depuis la disparition de Ibni Oumar Mahamat Saleh, le parti de la calebasse se dispute le leadership avec le MPS. La notoriété de Saleh Kebzabo dans le Ouaddaï n’est plus à démonter. Selon certaines sources, un ralliement massif des « frustrés » du MPS du Ouaddaï à l’UNDR est prévu dans les tous prochains jours. L’autre fait qui vient freiner le militantisme des militants, c’est la désignation de Sylviane Ngardoum, policière et magistrate, qui n’a jamais militer ni de loin, ni de près dans un parti politique. En dernière analyse, le signal que Déby vient de donner aux « Mpsiste » est plein de messages. Il a besoin du sang neuf pour revigorer le parti, en vue des prochaines joutes électorales. Mais IDI l’ignore t-il ? En politique, il faut toujours faire avec du compter avec les «vieux» militants, tout en préparant la relève avec les jeunes, tout en écoutant la base, ossature de tout parti politique. Car lorsque la base est mal fondée, l’ossature s’écroule tel un château de carte. C’est ce qui menace l’existence du MPS lorsqu’il ne sera plus au pouvoir. Dans ces conditions, Déby a tout intérêt à revoir la composition du CPN tout en prenant en compte les aspirations des militants de bases de chaque région s’il compte convaincre les populations à adhérer à son projet politique, si projet il y’en a. Même si on le sait, Idriss Déby Itno a toujours remporté les différentes élections présidentielles organisées dans le pays par la fraude.
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