Peuple Tchadien : Ta liberté naitra de ton courage !
Par Evariste DJIMASDE Lyon-France
 L’échec , du conseil National du MPS à s’entendre sur la procédure et les points à l’ordre du jour qui a obligé le Grand-Camarade-Président-Fondateur-Général-Sultan à suspendre les travaux et convoquer illico un Congrès extraordinaire ce 26 janvier 2015, explique si besoin est, le climat chaotique qui règne au sein du Parti-Etat. D’une manière officielle ou officieuse, le départ du courageux Joseph DJIMRANGARDADNADJI de ce parti au crépuscule de sa vie alimentera les débats. En entendant de faire une analyse de ce départ et ses conséquences sur la vie politique au Tchad, il convient de faire comprendre à certains griots du MPS que lorsque la démission est un droit subséquent à la liberté et l’indépendance. Expliquons donc. Rien qu’en se référant à la brièveté du bail concédé à M. Joseph DJIMRANGARDADNADJI, à la tête du gouvernement Tchadien, du 21/01/2013 au 21/01/2013, l’on peut tirer quelques enseignements quant à l’état d’esprit de cet homme, épris de liberté. En effet, si on sait qu’en 25 ans de règne, sans partage, Idriss Deby ITNO affiche à son compteur 15 Premiers Ministre , empirant ainsi « le labyrinthe de l’instabilité politique » que dénonçait Derlemari NEBARDOUM dans son livre publié chez l’Harmattan en 1998. Parmi ces 15 Premiers Ministre, en dehors d’Adoum YOUNOUSMI qui assurait l’intérim du 23 février 2007 au 26 février 2007, il convient de retenir, sauf erreur de calcul de notre part, que DADNADJI fait partie de ceux qui ont passé le moins de temps à ce poste. Il est à noter par ailleurs que Monsieur Fidel Abdelkerim MOUNGAR n’est pas nommé par le Général Idriss Deby ITNO, mais plutôt élu par la Conférence Nationale Souveraine face à un certain candidat nommé KassiréDelwaNouredine COUMAKOYE. Décidé à « gouverner autrement », le Premier Ministre de Transition, Fidel Abdelkrim MOUNGAR, qui, d’après Robert BUIJTENHUIJS, « durant les premiers mois de son exercice a fait montre d’une volonté d’indépendance » s’est très vite retrouvé face aux obstacles dressés par Idriss Deby ITNO. Dans l’équipe du Premier Ministre de Transition on se souviendra également de Robert ROYIGAM, un exigeant Ministre des Finances qui avait essayé sous l’impulsion du Premier Ministre de Transition d’exécuter à la lettre les Résolutions de la Conférence Nationale Souveraine concernant la situation économique et financière du Tchad. Estimant que les finances de l’Etat sont « son domaine réservé » DEBY par le truchement des conseillers (qui font office de parlementaires de transition) va prier MOUNGAR de se séparer de cet « homme encombrant » dont le seul défaut est d’être compétent. Oui sous DEBY la compétence est un délit ! Le départ de ROYIGAM n’a pas calmé pour autant DEBY qui, cette fois, va s’en prendre à nouveau au Premier Ministre MOUNGAR. En embuscade depuis toujours, KassiréDelwaNouredine COUMAKOYE, va « attraper les pieds » des conseillers qui finiront par l’élire, bien entendu avec la bénédiction de DEBY, au poste de Premier Ministre bis de Transition. A la tête du gouvernement, COUMAKOYE fera preuve d’un zèle particulier. On se souviendra de la révolte des handicapés….. Au syndicat de l’Administration, en grève pour protester contre la nomination des analphabètes comme préfets et sous-préfets, Kassiré Delwa Nouredine COUMAKOYE va proposer d’aller voir aux Etats Unis. Regardez les Etats-Unis, pays le mieux administré au monde, il n y a pas d’école d’Administration, martelait-il sur les ondes de la Radio. En réaction à ces énormités, Moussa MOUR, le secrétaire général du Syndicat de l’Administration générale avait suggéré la fermeture symbolique de l’ENAM. Si seulement on se souvient des interventions de KASSIRE aux 48 heures de l’ENAM (fête organisée par les élèves de l’ENAM à la fin de l’année. Il s’agissait d’ouvrir les portes de l’école au public et d’inviter les anciens) où il vantait les mérites de cette école on dira que l’homme est d’une inconstance maladive. N’est-ce pas que la chèvre broute là où elle est attachée, nous a confié Nabia NDALI avant de nous quitter pour l’au-delà ? Aujourd’hui, c’est triste de le souligner, malgré les vœux de Nadji MADOU pour que cette grande école garde son prestige, l’institution n’est plus que l’ombre d’elle-même. Après Kassiré DelwaNouredine COUMAKOYE tous les Premiers Ministres sont nommés par décret du Président Dictateur à vie Idriss Deby ITNO. Il est par ailleurs, important de noter que si nous pouvons faire beaucoup de reproches à Idriss Deby ITNO, et à juste titre, nous devons lui reconnaitre une intelligence supérieure à la moyenne. En bon stratège, il a su s’entourer d’hommes et de femmes compétents. C’est en effet ce qui explique en grande partie sa longévité au pouvoir. Tous ceux qui croient le contraire se trompent. La longue liste des Premiers Ministre est là pour témoigner qu’il a su bien puiser dans l’intelligentsia Tchadienne et DJIMRANGAR en fait naturellement partie. Enarque, Joseph DJIMRANGAR DADNADJI est un administrateur aux compétences incontestées et incontestables. Depuis la Direction des Affaires Financières et Matérielles du Ministère de l’Education jusqu’à la Primature en passant par le GERDES, le projet 7e FED, le Ministère du plan et de Coopération, la direction du cabinet civil et le Secrétariat général de la Présidence etc., l’homme a su faire l’unanimité par sa connaissance pointue des dossiers. Du côté de l’Université, il fait partie des rares enseignants qui, après deux séances des Travaux dirigés, retiennent les noms de tous les étudiants. Le secret ? Pour lui, chaque étudiant, à sa place, représente quelque chose de bien précis. L’autre dimension peut-être peu connue de cet homme de conviction reste son esprit d’indépendance. Quelques jours seulement après sa nomination à la tête du gouvernement Tchadien, il sera interpellé par les députés. Surpris, j’ai pris contact avec un ami, à l’époque Conseiller à la primature, pour avoir des explications. L’ami en question me fera comprendre que si le Premier Ministre DJIMRANGAR est interpellé c’est par ce qu’il veut s’affirmer Premier Ministre et que le Président DEBY voulait juste, par cette interpellation, lui faire un rappel à l’ordre. La suite de l’histoire est plus qu’éloquente. En s’affichant comme ami des « travailleurs et ennemis des paresseux » DJIMRANGAR dérange dans son propre camp lorsqu’on sait que ce camp, bien que composé d’hommes et de femmes de valeurs et compétents, est aussi rempli d’illettrés voire d’analphabètes, de marabouts, de paresseux, partisans de moindre effort et autres courtisans. On comprend alors aisément pourquoi une motion viendra de ce camp pour l’éjecter alors même qu’il a essayé d’engager des reformes….Avec 8% de réussite au baccalauréat en 2013 et il ne faut pas faire des réformes ! Alors qu’il a affirmé sa volonté de se présenter à l’interpellation pour « donner quelques notions élémentaires de science politique » aux députés, dont, je m’excuse de l’expression, certains sont décrétés, DJIMRANGAR à son corps défendant sera empêché. Homme d’honneur et de conviction il en a tiré les conséquences qui s’imposaient. Bien que ne partageant pas les convictions politiques de DJIMRANGAR, j’ai tout de même beaucoup de respect pour ce compatriote qui compte parmi les grands commis de l’Etat. Par conséquent je ne peux admettre qu’on dise qu’il est nourri et fabriqué par le MPS au point qu’on lui refuse une des libertés fondamentales : celle de démissionner. A ceux et celles qui croient que le MPS peut nourrir et blanchir… je les renvoie au discours du 4 décembre 1990, ou DEBY disait qu’il n’apportait au peuple Tchadien « ni or, ni argent mais la liberté ». DJIMRANGAR est un haut cadre qui peut faire valoir ses compétences partout, et ce n’est pas le MPS qui peut le nourrir et le blanchir et avec quels moyens ? On n’adhère pas à un parti pour s’enrichir mais militer pour faire aboutir ses convictions, ses idéaux et servir … et non se servir !!! C’est malheureusement pas le cas de beaucoup qui se sont engouffrés dans le MPS en espérant y trouver des miettes pour la survie et d’autres pour bénéficier de l’impunité suite aux détournements et autres crimes économiques et crimes de sang. De Bamina le MPS n’avait rien ramené au peuple Tchadien si ce n’est que la promesse d’une liberté. Là encore la promesse ne sera pas tenue. Au contraire, c’est en confondant le trésor public et sa caisse que ce parti s’est enrichi au détriment du peuple Tchadien. Mais au Tchad où les gens en sont encore à des besoins primaires, certaines notions comme : Etat, Partis politiques, des Droits, Obligations sont, hélas, méconnues. A cet effet, certains compatriotes croient que tout est cadeau du Grand-Camarade-Président-Fondateur-Général-Sultan. Ce qui fait que, un dispensaire construit à la va vite, une ruelle taillée, un puits d’eau creusé, ou encore la nomination, d’un fils du village au poste de sous-préfet, sont des raisons valables pour justifier des interminables remerciements au grand Camarade. BOLMBARI , professeur de philosophie au Lycée Félix Eboué et ancien secrétaire général du Syndicat des Enseignants du Tchad a pu dire, déjà vers les années 2000, qu’ « à ce rythme, on attend seulement que les fonctionnaires remercient le Président de la République simplement parce qu’ils ont gagné leur salaire. » Le griotisme du temps de l’UNIR que Néhémie BENOUDJITA, ce sage qui nous montrait la lune alors que nous regardions son doigt, annonçait comme mort et enterré, est hélas, bien vivant et a encore des beaux jours devant lui. Mais si le griotisme et le culte de personnalité sont érigés en stratégie de survie par ce régime vieillissant et agonissant, il y a fort heureusement quelques courageux compatriotes qui, par fois, au péril de leur vie, ont osé et osent encore. Militants du MPS de la première heure, Maldom Bada ABBAS, Abbas KOTY ont été exécutés sous prétextes qu’ils ont tenté un coup de force. Youssouf TOGOIMI, magistrat intègre, respecté et respectable refusant les humiliations quotidiennes dont il avait été l’objet avait opté pour les armes et est mort les armes en main. C’est le choix fait également par les frères ERDIMI (Tom et Timane) qui, pendant longtemps, ont été les éminences grises de ce régime. Réduit au silence, le nutritionniste Oscar YOMADJIOUTENGAR, qui depuis son exil Burkinabé avait participé activement à la création du MPS, s’est résolu à démissionner de ce parti qui est tout sauf Patriote. En réalité le MPS est composé en grande partie des courtisans qui pensent à plutôt à leurs ventres qu’à l’intérêt du pays. Conviction, patriotisme, militantisme, adhésion à un parti, responsabilité, liberté, dignité, cohérence….et j’en passe, sont des mots inconnus dans ce milieu. Dresser la liste exhaustive des déçus du MPS est un exercice délicat. Beaucoup sont dans l’hésitation. Et le départ de DJIMRANGAR de ce parti vieillissant et agonissant occasionnera, sans nul doute, d’autres démissions en cascade et ce ne sont pas les jérémiades de quelques courtisans du MPS, de la 25ème heure, qui vont les empêcher. Le Grand Camarade Président la fin du règne est pour bientôt et il est temps pour ceux qui veulent faire amende honorable de quitter ce navire en perdition. En réalité, le Grand-Camarade-Président-Fondateur-Général-Sultan qui est le seul maître à bord du navire MPS ne tient pas ses promesses et multiplie des contradictions. Porte-parole des greffiers Tchadiens aux Etats généraux de la justice, j’ai pu observer l’homme de près, pour la première fois prononcer un discours : c’était le 17/6/2003 au Ministère des Affaires étrangères. Il avait déclaré, ce 17 juin 2003, être « peiné par le laxisme, la médiocrité et le carriérisme qui caractérise la magistrature Tchadienne. » avant d’ajouter que « la société tchadienne ne peut s’accommoder des magistrats incompétents et corrompus. » La réplique ne s’est pas fait attendre et elle est venue de Monsieur Abdoulaye CHEICK, Président du Syndicat des Magistrats du Tchad. Ce courageux magistrat avait déclaré que « les maux qui minent la justice ne le sont pas uniquement du fait des magistrats car l’Exécutif porte une grande responsabilité notamment dans le phénomène de corruption tant décriée. ». Il révélera qu’en 1996, pour valider les élections présidentielles, le Président avait distribué des espèces sonnantes et trébuchantes au magistrat de la Cour d’Appel de N’Djaména. Allez comprendre quelque chose ! La justice tchadienne, malgré les efforts que déploient les personnels, est sous la main mise du Prince. Un Etat dans un Etat, ALKANTO ’a fait que montrer la face émergente de cette justice. Si la justice tchadienne compte des magistrats courageux, il y a aussi ceux qui baissent les bras. L’histoire nous a appris qu’à l’époque du Président TOMBALBAYE la justice avait réaffirmée son indépendance avec le procès de Kaltouma GUELIBANG, dans l’affaire du mouton noir enterré à Kousseri…. Plus récent encore, le juge Emmanuel DEKEUMBE sera radié du corps de magistrat pour « violation du secret de délibération », par décision prise en date du 13 juin 2012, par le Conseil Supérieur de la Magistrature présidée par Idriss Deby ITNO. Son crime ? Il s’est opposé à la condamnation de Monsieur Gali Ngata NGOTE, ce député qui a été arrêté et poursuivi, comme un vulgaire délinquant, pour braconnage. La justice Tchadienne ce sont aussi les magistrats qui poussent leur courage jusqu’à reconnaitre dans leurs motivations « attendus qu’il y a trop d’intervention dans cette affaire… »,juste de quoi faire retourner Joseph Brahim SEID dans sa tombe. La deuxième fois que j’ai vu l’homme de près prononcer un discours, c’était à l’hôtel Bistrol dans le très chic 16ème arrondissement de Paris le 10 mars 2012 où le Grand-Camarade-Président-Fondateur-Général-Sultan, lançait une invitation à la Diaspora Tchadienne de France (DTF) de rentrer pour participer au développement du Tchad. « Aucun bras n’est de trop » l’avait-il déclaré sous les applaudissements des hommes et les you-you des femmes. Le Tchad est un patrimoine commun. Il appartient à tous les Tchadiens. Mais si beaucoup de compatriotes Bac + je ne sais pas combien, sont contraints de balayer les rues pour leur survie,ce n’est nullement de gaieté de cœur. Vivant difficilement la rupture avec la terre natale, la DTF doit affronter d’autres problèmes cruciaux ici et ce n’est pas seulement la météo… La DTF, comme toute autre Diaspora, est coupée de ses racines et a du mal à se faire une place ici en France, même si quelques exceptions permettent de nuancer ces propos. Indéniablement, la grande majorité se cherche encore et toujours malgré plus de 40 ans passés en France. A cet effet, le discours de Deby pourrait avoir un effet si seulement l’homme est cohérent avec lui-même. Dommage qu’en 25 ans de pouvoir il n’a plus de crédibilité et il ne peut pas convaincre la Diaspora. Et si une partie de la DTF lui fait allégeance, c’est seulement par ce que, de temps en temps, il laisse des enveloppes lors de son passage. C’est ainsi qu’il a réussi à se faire aussi une liste des griots ici en France ! Ceux-là même que l’actuel Ambassadeur manipule et veut imposer à la tête de l’Association « Diaspora Tchadienne de France. ». Pour la petite et triste histoire, ils se sont battus dans le bureau de l’Ambassadeur pour 25.000 euros laissés par DEBY. Excédé, l’ambassadeur a décidé de garder cette enveloppe jusque-là. Cette somme lui sert, aujourd’hui, de moyen de pression pour contraindre le Bureau actuel de la Diaspora à marcher au pas. S’il n’a pas réussi de ce côté, il faut reconnaitre cependant qu’il a réussi à paralyser l’Association en divisant le Conseil d’Administration en partisan-courtisan et opposant. Alors qu’on a essayé de lui faire comprendre qu’il s’agit d’une Association laïque, apolitique et indépendante issue de la fameuse loi française de 1901, l’Ambassadeur insiste et fait savoir à qui veut l’attendre que : « la légimité de l’Association c’est ici ». Décidemment, la démocratie a du chemin à se faire auprès des dirigeants du MPS qu’ils soient au Tchad ou en France. Tant que vous n’allez pas vous mettre ensemble, je ne vais pas vous donner l’argent. Pauvre de la Diaspora ! Mais si seulement il peut savoir que l’argent n’est pas la motivation première de tout le monde, la DTF ira mieux. La DTF subit terriblement les conséquences de ce régime dictatorial. Mais désormais, il faut que la Diaspora coupe le cordon. Pourquoi accepter l’argent du dictateur et vouloir affirmer son indépendance ? DARNACE, un membre éclairé de la Diaspora a toujours dit qu’il fallait refuser des enveloppes et je pense que c’est la condition de la renaissance de la Diaspora, la vraie comme dirait Hilaire NDOLASSEM, l’autre bête noire de l’ambassadeur. Alors que d’aucuns reprochent à une partie d’avoir abandonné le pays, d’autres pensent qu’ils ont fui la misère du pays pour profiter de minima sociaux. A cela il faut ajouter les humiliations de tout genre. Vous avez une équipe de foot ball? Non. Savez-vous que sur plusieurs années votre pays est le plus corrompu au monde d’après le rapport de Transparency International ? Oui. Savez-vous que d’après le rapport de la Banque Mondiale, Doing business with Africa, le Tchad est le dernier pays où il faut investir ? Oui. Allant plus loin, Stephen Smith dans Nègrologie pourquoi l’Afrique meurt ! soulignait que : « de même, si 6 millions d’Israéliens pouvaient, par un échange standard démographique, prendre la place des Tchadiens à peine plus nombreux, le Tibesti fleurirait et une Mésopotamie africaine naîtrait sur les terres fertiles entre le Logone et le Chari. Qu’est-ce à dire ? Que les Africains sont des incapables pauvres d’esprit, des êtres inférieurs ? ». (Stephen SMITH dans Négrologie pourquoi l’Afrique meurt ! 2003, p49). Negrologie a été primée comme le livre de l’année 2004 par groupe France Télévisions. Imaginez la souffrance qui était la nôtre, nous autres. Autant que faire se peut, nous avons essayé de donner l’image positive du pays. Mais, là, il faut remonter très loin pour trouver un certain Lieutenant Mouniro NADJIROM Héro de BIR HAKEM, Compagnon de Libération, décoré, plusieurs fois, par le général De Gaulle pour sa bravoure…Ou encore que le Tchad est le premier pays à répondre à l’appel du 18 juin 1940 ? NDORAM, MOUNIRA, MAHAMAT SALEH HAROUN….sont des noms que nous évoquons avec fierté, de même que les interventions au Mali et contre Boko Haram. Mais est-ce suffisant ? S’agissant de la pauvreté d’esprit, je me souviens toujours de la scène vécue dans l’amphi de Droit et Gestion à la Faculté d’ARDEP DJOUMBAL, en 1997, alors que j’étais en deuxième année de Droit. Accueillantune condisciple camerounaise avec nos cris habituels (ambiance d’amphi), les étudiants ont été surpris par la réaction de celle-ci : « pauvres, vous êtes des pauvres nous a-t-elle lancé ». Là, les étudiants qui venaient juste de gagner leurs trois mois de bourse ont sorti des billets de banque pour prouver à cette camerounaise qu’ils ne sont pas pauvres. Tenace, la belle dame nous a fait comprendre qu’elle parlait de la pauvreté d’esprit. Là, à ma grande stupéfaction, j’ai constaté que la majorité a acquiescé. A partir de ce jour, j’ai compris que le Tchad a un grand problème. Sinon, comment comprendre que dans un pays qui compte 80% d’analphabètes, les étudiants, mieux encore les étudiants en 2ème année de Droit acceptent d’être des pauvres en esprit ? Et pourtant, il n y a de richesses que d’hommes nous apprennent les économistes. Aujourd’hui, l’université n’est pas le secteur touché. Mais si l’élite accepte d’être pauvre d’esprit, c’est tout le pays qui est par terre. La preuve aujourd’hui, la médiocrité gagne du terrain partout. Au lycée Félix Eboué, les élèves, qui ont cru détenir la fuite du sujet de baccalauréat, ont refusé de composer lorsqu’ils se sont rendu compte que leur sujet n’était pas bon. Pourquoi, ils ont changé le sujet protestaient-ils. Bigre ! Mais comment ces élèves peuvent-ils savoir qu’on a changé de sujet ? Incroyable histoire. L’hôpital ? Ce n’est rien d’autre qu’un mouroir et chanceux sont quelques malades qui en sortent vivants ! Même le célébrissime Hôpital Mère et Enfant devrait plutôt s’appeler mère OU enfant d’après un compatriote. Même là-bas, ce n’est pas évident : sauver mère ET enfant relève d’un miracle ! Bref. Le mal qui ronge le Tchad est grave ! Bien avant « la République à vendre » du compatriote Isaac TEDAMBI, publié chez l’Harmattan, qui décrivait un pays imaginaire qui ressemble étrangement au Tchad, un ami Apollinaire D avait fait la même proposition avant d’ajouter « même si on le vendait, dans le partage d’aucuns partiront avec la part du lion ». Pour moi, le Tchad n’est pas à vendre. Pendant longtemps il a été géré d’une manière chaotique c’est une évidence. Mais comme dans tous les pays, il y a des hommes et des femmes qui ont l’orgueil et l’amour de leur pays. Lorsqu’ils se rendront compte qu’ils représentent une force, ils transformeront ce beau pays en un paradis ou il fera beau vivre et investir. Ce Tchad nouveau est pour bientôt et peut être que nous aurons la chance de le voir, de notre vivant, c’est ce qui fonde aussi notre espoir. Pensons aux paroles du père jésuite, Louis GIDROL, avec ses étudiants de l’internat Saint-Paul de Sarh qui sont mis en musique par Paul VILLARD. Ces paroles ? « Peuple tchadien, debout et à l’ouvrage ! Tu as conquis ta terre et ton droit ; Ta liberté naitra de ton courage. Lève les yeux, l’avenir est à toi. ». Aucune dictature n’est pérenne et la justice finira toujours par triompher tôt ou tard.
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