A Goz-Béïda Déby se moque des Tchadiens
Par Franck Mbaïdjé Mbaïdigotar, L’Obseravteur à N’Djaména

« L’Emir tchadien » a, au cours du lancement de la campagne agricole 2016, dans le Dar-sila, envisagé procéder à un audit de tous les secteurs de l’administration tchadienne, moderniser l’agriculture et l’élevage. Mais en réalité, de qui se moque-t-on ? Que n’a-t-on pas encore entendu dire par cet homme qui dirige le Tchad depuis un quart de siècle ? « La kermesse du désordre est terminée ! » par ci, « S’il vous plait ! S’il vous plait ! Arrêtez de voler » par là… Mais désormais, le désordre s’est installé en maître au Tchad. Les voleurs continuent de voler la République sans être inquiétés, le contrôle d’Etat existe, audite les institutions de l’Etat mais les hors-la-loi sévissent toujours. L’injustice sociale s’enracine davantage créant ainsi un fossé entre les Tchadiens. Rien de tout cela n’émeut personne. Le vol est à la limite institutionnalisé à toutes les estrades. Il est devenu un quelconque passage avant d’être promu à un poste juteux. Tous les discours tenus jusque-là ne sont que de l’eau versée sur le dos d’un canard. Et le mal persiste. Aux grands maux, les grands remèdes, dit-on. Loin s’en faut, le remède qui soignera le mal tchadien n’est pas encore inventé. Auditer pour quelle fin ? Déby continue de se lancer dans son sport favori : le verbiage. Quelle panacée n’a-ton pas proposé pour le mal tchadien. Tout, absolument tout. Déby himself a fait des génuflexions devant ces bandes de pillards et voleurs à col blanc pour leur prier d’arrêter de voler. «S’il vous plait, s’il vous plait ! Arrêtez de voler», a lancé à l’endroit de ces « bienheureux tchadiens ». L’audit dont il est question ici, sera le moment tout indiqué aux personnes sans scrupule de se lécher les babines. Surtout lorsqu’on sait que l’opération Cobra a été un gouffre à sou. Au lieu que l’Etat gagne en traquant les détourneurs des deniers publics, au contraire, cette opération a été l’occasion pour les membres de cette institution de se partager les frais des missions. Des interminables missions qui n’ont accouché que d’une souris, à l’exemple de celle qui a envoyé l’actuel Secrétaire Général du MPS à la maison d’arrêt d’Am-sinéné et l’affaire dite Padaré/Bâchir. Des sommes faramineuses ont été dépensées dans la poursuite des anciens ministres soupçonnés pour malversation financière à l’image de Fatimé Issa Ramadane de l’Action Sociale, de Attéib Doutoum des Finances et du Budget, et consorts, pour rien. Pour des détournements de 5 à 10 millions, l’ancien ministère de l’assainissement public et de la promotion de la bonne gouvernance a dépensé le double pour ne pas réussir à récupérer, ne serait-ce qu’un seul centime détourné. D’ailleurs, au moment où Déby voudrait faire croire aux Tchadiens qu’il voudrait assainir l’Etat, l’on apprend un détournement de plus d’un milliards de francs CFA en 3 mois d’exercices par le Directeur Général du Bureau National de Fret (BNF) et son adjoint. Ces deniers n’ont pas caché leur forfait et justifieraient qu’ils ont utilisé cette somme pour la campagne de Déby. C’est l'Inspection générale du ministère des infrastructures qui après un contrôle a découvert un trou de 1.413.000 000 de FCFA. Combien de francs a-t-on récupéré après la saisie de tous les biens de Zène Bada et ses différents comptes en banque avant de le hisser au poste de Secrétaire Général du parti au pouvoir ? Le cas Zène Bada a édifié les Tchadiens. C’est Déby lui-même qui l’a gracié. Comme ce dernier, tous ceux qui ont été accusés de pillage ont été systématiquement remis en selle après quelques mois d’hibernation. Moderniser l’agriculture et l’élevage Le processus de la mécanisation a été lancé depuis quelques années au Tchad. Mais, il a du mal à s’installer. Où en sommes-nous avec la ferme de Boumou ? Des tracteurs envoyés dans certaines régions n’ont servi à rien. Il en existe ceux qui n’ont jamais été utilisés parce qu’ils sont tombés en panne. Les Tchadiens vivent dans une insécurité alimentaire criarde généralisée. L’alerte a été donnée, il y a quelques jours, par le Représentant du FAO au Tchad. Les filières porteuses existent en grand nombre au Tchad mais sont moins connues et exploitées. Des régions telles que le Lac et Am-timan pourraient conduire le Tchad à l’autosuffisance alimentaire. Malheureusement, ces deux régions sont coupées des autres. Les axes qui les desservent ne sont pas bitumés. Même si dans ces localités l’on produit une grande quantité de céréale, les commerçants auront du mal à les écouler. Leur acheminement dans d’autres localités ne sera pas aisé. Vouloir aménager et mettre dans l’eau 250 milles hectares durant le nouveau mandat n’est pas une solution. Pire, la partie méridionale du pays dans laquelle l’agriculture était pratiquée en grande partie, devient de plus en plus improductive suite à l’exploitation du pétrole dans plusieurs régions du sud. Les sols sont devenus infertiles et la rareté des pluies est constante. Pour réaliser ce vœu pieux, tous les moyens financiers que Déby et sa suite mettraient en œuvre pour arriver à réaliser cet idéal seront voués à l’échec si jamais le sempiternel conflit agriculteurs/éleveurs n’est pas définitivement résolu. Car, ce conflit est présent partout où il y a du pâturage ou des points d’eau. Après tout Les ressources financières sont bradées et thésaurisées par une catégorie des Tchadiens proche du clan au pouvoir. C’est depuis plus d’une décennie que le Tchad a commencé à exploiter et exporter son pétrole. Les fonds générés par cet or noir ont pris des destinations floues. Aujourd’hui, l’’on rabâche les oreilles des tchadiens avec ce refrain « La chute drastique du cours du baril affecte sérieusement les recettes du pays ». Que du bluff ! Au moment où le Tchad devait exploiter son pétrole, il a négocié le baril à 18 dollars. Pendant successivement 4 ans, le baril était au-delà de 100 dollars. Où est donc passé cette différence ? Pire, quel qu’en soit la chute, le baril n’est pas jusque-là tombé à 18 dollars. A l’heure où nous mettons sous presse, il est à 54 dollars. En quoi cela impacterait sur le trésor tchadien ? Au point où les indemnités des fonctionnaires sont suspendues, les primes de corrections des examens ne sont pas payées… Si Déby est en panne d’imagination et qu’il n’a plus rien à proposer aux Tchadiens, il ferait mieux de se contenter de sa «victoire» et laisser le peuple digérer au mieux sa « défaite » que de remuer le couteau dans une plaie béante. L’assainissement public, l’agriculture, l’élevage,… dont il brandit ici, sont loin d’être la source de bonheur des Tchadiens. Que Déby et ses proches justifient leur fortune et rendent la part indûment amassée sur le dos des Tchadiens. La grande partie de ceux qui sont mis en cause dans les multiples cas de détournement vient de son entourage. Ce n’est un secret pour personne. Au lieu de continuer à distraire un peuple qu’il ne fait rien pour améliorer sa condition de vie, Déby gagnerait mieux en cessant de faire la promotion des détourneurs des deniers pub
lics.
Retour à l'accueil